Diaporama de l'Ouche et de son Bief

dimanche 22 juin 2008

Les Hommes Illustres

Il y a toujours eu de belles propriétés à Plombières qui était appelé" le petit Versailles de Dijon". Le séjour était fort apprécié par les personnes de qualité aux siècles derniers, qui y possédaient des maisons de plaisance
XVIIe siècle:
-Jean Gauthier, conseiller en la chambre des comptes du roi Louis XIV.
-Roger de Florence, ingénieur du roi , commandant un bataillon dans un régiment de Piémont après trois campagnes au service de LouisXIV, se retire à Plombières et meurt en1683.( d'après Courtépée)
XVIIIè siècle:
-Jean Brown:Général anglais en exil y fut inhumé en 1764, la dépouille fut renvoyée dans son pays dans des circonstances très particulières.( Ce général anglais soupçonné d'avoir trahi à Gibraltar, s'expatria et vint habiter à Plombières dans une maison qu'il avait fait acheter par commission. Quoiqu'il fut anglican, le curé de la paroisse lui rendait de fréquentes visites. La mort arriva en 1764, après un court séjour, et fut doublement pénible pour le prêtre et pour l'ami.
Le général aimait sa patrie et il lui était dur d'en être séparé pour toujours. Ainsi exprima-t-il dans son testament le désir d'y rentrer au moins après sa mort. Il fut enterré civilement au-dessus de l'endroit où se rencontrent le chemin de Champmoron et de Bonvaux sous un pommier. Deux mois après, on ouvrit la fosse pour en retirer le cadavre. Alors une femme, dont la chaudière n'est pas oubliée, fit bouillir les membres pièce à pièce, afin de les réduire au plus minuscule, les renferma dans une boîte et les expédia par le roulage.( extrait Manuscrit A.Sébille MS 1808 PF)
-Nicolas Charpy de Billy, seigneur de Billy 1750.
-François Sirice Melchior, comte de Voguë, maréchal de camp et armée du roi 1783.
- Le Mullier de Toutry 1756.
-Baron de Grignon 1763.
-Famille Maret: Jean-Philibert, Préfet de Côte d'Or et du Loiret,Hugues, Duc de Bassano( fin du XVIIIè début du XIXè)
XIXè siècle:
-Portalis, cousin du ministre de ce nom sous Napoléon Ier.
-Delamotte, Directeur au ministère des cultes.
-Lissajoux, célèbre par ses découvertes en acoustique( enterré à Plombières en 1880).
Hommes illustres d'origine plombiéroise.
XVIIIè siècle:

-Paillet Julien: Poète né le 8 février 1771 à Plombières.
XIXè siècle:
-Bernard Courtois: savant ayant découvert l'iode.
"Le père de Bernard Courtois, Jean-Baptiste Courtois, né à Plombières en 1748, appartenait à une famille de cordonniers.B.Courtois était le préparateur d'un des plus grands chimistes de son temps Guyton de Morveau.
Bernard Courtois est né à Dijon en 1777, il avait pour parrain Bernard Maret fils du Docteur Hugues Maret. Enfant et étudiant, Bernard Courtois passait ses vacances à Plombières, chez son oncle Zacharie Courtois. Il découvrit l'iode en 1811. Il mourut dans la misère à Paris en 1838."(Mémoires de L'Académie 1920/1921)
XXè siècle:
-Docteur Albert Rémy, inventeur du diploscope.

Tiré du livre"Plombières à travers les âges"

jeudi 19 juin 2008

L'animation

Madame Alice Barbier se souvient...
A la fin du siecle dernier et parfois même au débutde celui-ci, on veillait en famille.On racontait de vieilles histoires, on passait en revue les derniers potins du village et on mangeait des marrons.
Il n'était pas rare que des chanteurs de rues passent à Plombières.On vit même un jour un montreur d'ours qui fit à une dame du village, Berhe Garde, la plus grande frayeur de sa vie.S'étant rendue en consultation chez Rabier, elle s'était heurtée en sortant à l'ours qui était
couché en travers de la porte.
Des comédiens donnaient chaque été un spectacle sur le paquier où ils peignaient leurs décors directement sur le mur de la Javel.L'hiver c'était les jeunes filles du patronnage qui jouaient une pièce.
Une fois par an, à Carnaval, on allumait la "foulère", sorte de grand feu de joie autour duquel la
jeunesse chantait et dansait.
A Noel, on se rendait en famille à la messe de minuit. Au retour, on mangeait quelques châtaignes et on se couchait. On ne faisait pas réveillon comme aujourd'hui. Par contre le jour de
Noel on servait la dinde.
Au printemps c'était la fête patronale, avec le bal et les manèges. Elle se tenait en mai ou en juin.
Le dimanche, raconte encore Madame Barbier, les enfants de choeur passaient dans les maisons pour les bénir.On leur donnait pour celà un ou deux sous. Quand ils n'avaient plus d'eau bénite,
ils prenaient de l'eau à la pompe la plus proche et continuaient leur tournée.
Madame Barbier a été frappée dans sa jeunesse par le spectacle des mendiants. Il y en avait
deux à Plombières. Un, estropié qui ne parlait jamais et dont les pieds étaient enfermés dans une sorte de prothèse en fer. Le bruit de ses béquilles frappant le sol faisait fuir les enfants.
Le second mendiant était un cul-de-jatte qui demandait l'aumône dans la grande rue.
Quant à Monsieur Bonnaire il se souvient du premier film projeté à Plombières"L'arroseur arrosé", la projection lumineuse se faisait sous un chapiteau.


Tiré du livre"Plombières à travers les âges"

vendredi 13 juin 2008

L'Ouche











« L'Ouche coule limpide, à l'ombre des saules vénérables, dans un lit qui semble prolonger le pré tant y abondent les joncs, les nénuphars et les herbes, vertes chevelures de nymphes peut-etre que peigne ou qu'échevele le courant. Où l'eau apparait, elle forme de larges miroirs qu'une multitude d'insectes polissent sans répit. Sur les bords, paissent des boeufs, de grands boeufs blancs marqués de roux »
George Droux – Flanerie en Bourgogne. op.cit. p. Dijon 1926.

L'Ouche que décrit si bien George Droux s'étendait, avec ses méandres, sur toute la largeur de la vallée, inondant prés et champs lors des grandes pluies.Cette rivière a été régularisée à grands frais, plusieurs fois elle a été redressée. Lors de la construction du pont en1758-59, son lit fut creusé ce qui n'évita pas des débordements, notamment l'inondation de 1856 qui submergea le parc du petit séminaire.L'abbé Lereuil indique que l'Ouche fournissait des truites renommées et le livre de comptes du couvent des chartreux indiquait que l'on chassait sur ses bords les « Bièvres »espèces de castors dont la chair était succulente et la fourrure fort estimée.
Tiré du livre "Plombières-Les-Dijon à travers les âges"

Le Bief





Le Bief creusé à bras d'hommes, fut utilisé de bonne heure par l'industrie.
Il alimentait les moulins et est d'une époque tellement reculée que ses capricieux circuits donnent l'apparence d'un lit primitif à ce canal artificiel.
Le Bief n'appartenait pas à la communauté, mais aux proprietaires des moulins. Les habitants devaient payer un droit pour faire abreuver leur bétail.
Le pont sur le bief, route de Paris, fut construit en 1782/1783(plan ci-contre).
Le pont, rue de l'Eglise, est déjà mentionné dans l'enquête de 1666, il remonterait à la fin du XV° siécle.
Le pont Masséna destiné à relier "la rue de la Biez avec la rue Basse" fut construit en 1876 son coût fut de 3.478,41 F(Archives Municipales 0518).
En 1806, sont cités devant le juge de paix du canton de Dijon-Nord, par Louis Sicardet, propriétaire du moulin à grains de Plombières, les héritiers Echaillier, propriétaires de la papeterie de Plombières, afin d'obtenir leur participation aux travaux d'entretien et de curage du Bief
Il est indiqué que la papeterie n'est plus, alors (en 1806)en activité.(Archives privées).
Tiré du livre "Plombières-Lès-Dijon à travers les âges"

L'église




L'église

I-Historique
La légende veut, qu'au VIIIè siècle, Saint-Romule ait déposé , dans la chapelle de Plombières, des reliques de Saint Baudèle martyrisé à Nîmes vers 295.

(On raconte qu'autrefois, Plombières possédait deux statues de Saint-Baudèle: l'une en bois, l'autre en pierre Une seule était bonne; le malheur était qu'on ne savait laquelle. Sur le conseil d'un pleumeran avisé, on s'en fut en procession au bord de l'Ouche et on jeta les statues dans un remous; le vrai saint saurait bien se tirer d'affaire. Le fait est que l'un coula à pic et que l'autre surnagea: c'étaitle bon; et c'est lui que dorénavant on implora, toujours avec succès d'ailleurs.)
On ne possède pas de textes sur la date de construction de l'église mais on situe celle-ci aux années 1520-1530. (J.Marilier: les Eglises de Plombières les Dijon et de Fontaine- les Dijon-Essai de datation.)

L'édifice remplaça alors une église existante puisqu'en 1103 Robert 1er de Bourgogne, évêque de Langres, confirme à l'abbaye de Saint-Bénigne le droit de patronage des églises de Plombières et Velars.
Période révolutionnaire: en août 1790, les officiers municipaux procèdent à l'inventaire des titres, papiers et biens ecclésiastiques situés sur le territoire de la commune.

La vente des biens de la Fabrique comme biens Nationaux se prolonge de 1792 jusqu'à 1796 et l'église est mise en vente en 1793; des quatres cloches, seule est conservée la grosse pour l'horloge. Tout culte public cesse dans le village lorsqu'en 1793 la municipalité décrète que tous les signes extérieurs dudit culte seront enlevés et l 'église abandonnée transformée en Temple de la raison.(Archives municipales)
Restauration: elle a lieu en 1829-1830.De l'ancienne église on ne conservera que le transept qui supporte le clocher et le choeur et, pour la première fois en Côte d'Or, l'on reconstruisit les trois nefs en gothique.
En réparant le choeur, en 1857, on mit à jour des traces de fresques qui portaient la date de 1547 et qui représentaient Saint- Baudèle, Saint-Anne, Sainte-Marguerite. En1888, après les avoir fait photographier, relevé l'inscription et la date, on a fait tout disparaître afin de régulariser le mur et le mortier et y appliquer d'autres peintures à l'huile.
Par suite de vétusté, il y avait urgence, en 1907, à restaurer le porche. Pour ce faire, on vendit des fragments d'anciennes piscines datées du XVIème siècle.
Tiré du livre "Plombières-lès-Dijon à travers les âges"

La maison commune




En1792, Plombières, chef-lieu de canton, se devait d'avoir une salle de réunion pour la municipalité.
Avec l'aide du district, d'importantes réparations furent entreprises dans une maison sise rue Basse.
« Ces réparations sont très urgentes et nécessaires attendu que la municipalité est sur le point de se trouver sans avoir de lieu pour tenir séance et que l'on n'a point de lieu sûr pour servir aux détenus
(extrait des délibérations du conseil municipal du 5 février 1792) ».
Ce fut la première maison commune, on changea le nom de la rue: la « rue Basse » devint « rue commune »
ou « rue de la Maison Commune ».
En 1848 il fut nécessaire de prendre une décision pour établir la maison commune et des écoles dans un lieu mieux adapté. On envisagea l'achat d'une partie de la propriété de Mme Sicardet (actuellement propriété Troubat); le prixdemandé: 30 000 F, et surtout l'ampleur des travaux à effectuer ont fait abandonner le projet.
Le 20 décembre de la même année, les plans et devis de construction de la maison commune actuelle, sont soumis au conseil municipal. Coût 52 000 F. Le projet impliquant des dépenses au-delà de ce que possède la commune, le conseil municipal vote à l'unanimité une imposition extraordinaire de 10 centimes pour l'exercice 1849 et les exercices suivants jusqu'à liquidation de la dépense que nécessitera cette construction.
Pour édifier ces bâtiments, il fut nécessaire d'échanger l'ancienne maison commune contre quelques maisons appartenant aux familles Ligeret Portalis que l'on devait démolir.
La réception provisoire du bâtiment eut lieu le 21 novembre 1851 et la définitive en 1853.
Création de la place
En 1858, il fut décidé de créer une place dans le but de démasquer la maison commune. A cet effet on acheta plusieurs maisons et cours appartenant à M. Lanier(voir plan) qui furent
démolies.
Tiré du livre "Plombières-les-Dijon a travers les âges"

mercredi 11 juin 2008

MOYEN AGE

Sépultures mérovingiennes. Deux tombeaux découverts en 1791 en creusant le canal ; on y a trouvé une poignée de sabre en or, une agrafe de ceinturon ornée de pierrerries, une bague, rien n'a été conservé: 1791. « Plombières prés Dijon.-Dans le mois décembre de l'année 1791, trois manoeuvres travaillaient de leur côté sur le térritoire de la commune de Plombières près Dijon , au creusement du canal de Bourgogne, lorsque tout à coup ils rencontrèrent deux cerceuils en pierre placés l'un sur l'autre; et, sans appeler leur chef, ils explorèrent ses tombes et s'emparèrent des objets qu'elles contennaient. Cepandant le bruit de cette trouvaille s'étant aussitôt répandu, les ouvriers furent obligés de porter à la municipalité de Plombières les objets qu'ils n'avaient pu soustraire aux regards, et ils déclarèrent que les cerceuils contenaient des squelettes. Près de l 'un d'eux se trouvaient un sabre dont la poignée était en or, une boucle de ceinturon ornée de pierrerries. Dans le même cerceuil était un petit coffre formé d'une lame d'or assez mince pour qu'elle pliât sous la pression du doigt.C e coffre était fermé par une espèce de cadenas aussi en or; il contenait trois lingots d'or de 6 pouces de long environ, et une bague de même métal qui portait pour chaton une pirre précieuse. M. Labourey, auquel mon père doit ses détails, que j'emprunte a ses notes manuscrites, ajoute que l'autorité départementale s'est emparée de cette trouvaille, et à donné six cent livres comme gratification aux ouvriers; puis que l'un d'eux est parti et a fait une absence prolongée, ce qui a fait supposér qu'il avait soustrait d'autres objets précieux qu'il a emporter pour les vendre ou les cacher.Il est bien regretable que cette découverte, qui rappelle celle de Tornay, n'ait pas été étudiée dans le moment, et soigneusement décrite.Cepandant la poignée d'un sabre , ou coutelas, la boucle de ceinturon ornée de pierrerries, et ce coffret, paraissent appartenir aux cepultures de l'époque mérovingienne.Quant à la bague, il ne nous est resté aucun détail sur sa forme et son ornementation » Rapport Commission des antiquités bibliothèque Municipale, Vol

Tiré du livre "Plombières-Les-Dijon à travers les âges"

EPOQUE ROMAINE

Au climat de saligny,on a trouvé, outre les substructions importantes, une statuette en bronze, des moules d'ornements en terre cuite, une flûte en os, 665 médailles de septime sévère et postume:
En Novembre 1846, M. Claude Lamblet-Canquoin, habitant de la commune Plombiéres-lez-Dijon, m'a confié 665 médailles de billon d'argent, qu'il a trouvé dans sa propriété,située sur une portion de térritoire dit le climat de salligny entre le canal et la riviére d'ouche,à environ la moitiée de la distance qui sépare Velars de Plombières.
J'ai reconnu ses médailles, toutes comprises entre Septime-Sévere en postume (196 et 267 de l'ère vulgaire).M Lambert, par reconnaissance de mes soins,a bien voulu disposer en faveur de la commission départementale des antiquités de 18 de ses monnais romaines »

réf. Compte rendu commission des antiquités. 1846-1847 -Paragraphe. II et III.B. Municipale.

Tiré du livre "Plombières-lès-Dijon à travers les âges"

Les voies de communication

La caractéristique essentielle du site de plombieres- et qui explique très certainement l'installation d'une agglomération à cet endroit- est d'être un lieu de passage; chemin, voie d'eau,
chemin de fer, « pénétrante »..., à divers époques et encore aujourd'hui, l'établissement de voies de communication a posé problème.
Jusqu'au milieu du XVIII siècle la route de Dijon à Vitteaux,dite « route numéro 2 »(aujourd'hui
n5 », s'arrêtait de part et d'autre du village qui devait etre traversé en empruntant un passage étroit,
sinueux, en pente, qui contournait l'église (aujourd'hui rue de l'église), « ancien chemin » figuré sur le plan ci-dessous reproduit d'après un croquis de l'époque. (1).
Pour faciliter le trajet de la poste de Paris à Dijon, L'administration de la province de bourgogne estima, en 1756, qu'il etait nécessaire d'ouvrir une voie plus large à travers Plombieres, ce qui devait entraîner la construction d'un nouveau pont sur l'ouche. Afin de ne pas démolir de trop nombreuse maisons, il fut décidé q'une nouvelle portion de route rectiligne serait tracée dans une zone de jardins ( en pointillé BC sur le plan, aujourd'hui N5), que le lit de la rivière serait redressé par le creusement d'un canal (DE),et que le pont serai établi sur le nouveau lit (C pont actuel).Les habitants furent chargés de réaliser une partie des travaux de terrassement et d'éffectuer le transport des pierres. Le projet fut réalisé en 1758-1759.
L'ancien lit de l'ouche (FGK),ainsi que les terres situées entre celui -ci et le nouveau lit (CG) furent cédées, d'une part à l'abbé de Saint- Bégnigne-qui avait été évèque de troyes (d'ou l'indication figurant sur le plan: « clos de Mgr l'évèque de troyes )-et qui fit construire une terrasse encore visible actuellement; d'autre part à M. Millot de la craye, trésorier de France, propriétaire d'un clos,d'une maison et d'un moulin alimenté par le bief (aujourd'hui Soboca).
Mais ces travaux ne furent pas acceptés sans peine, et l'on y vit la cause de bien des malheurs; Millot de la craye- qui était également propriétaire de la ferme de la Cras ou craye- eut à souffrir d'une très forte crue de L'ouche survenue en décembre 1763, à la suite de la fonte des neiges et de pluies continuelles. L'eau pénétra dans sont clos par une brèche ouverte dans le mur, d'évastants jardins et rez -de-chaussée, emportant tout sur sont passage. Le propriétaire estima que ce désastre était dû au nouveau tracé de L'ouche qui, étant devenu rectiligne, ralentissait moins le courant. Aussi demanda- t-il des indemnités à la Province, mais il fut débouté de sa demande.
Ainsi, depuis plus de deux siècles, la route de Paris à Dijon traverse Plombières selon le tracé que nous lui connaissons aujourd'hui.
Le cahier de notes du Garde Champêtre nous indique qu'en septembre 1808 on donnait;
-25 sols aux hommes- 18 sols aux femmes- 15 sols aux petits garçons, pour poser des pierres sur la route.

Tiré du livre"Plombières-Lès-Dijon à travers les âges"


mercredi 4 juin 2008

LE FOR AUX FEES

" Avant que les ingénieurs eussent fait sauter les rocs gênants pour leur tunnel, la muraille de pierre qui domine encore la route pointait vers le ciel, à 20 mètres du sol, son sommet hardi. Dans ses flancs s' ouvraient des excavations formant de véritables chambres souterraines où des ressauts de pierres offraient, sur leurs parois, des banquettes de repos.
Ces ingénieux réduits étaient l'oeuvre des eaux, mais l'imagination de nos pères les peupla de mystères.
Les plus vieilles traditions locales, signalées par Legouz de Gerland, voulaient que les druidesses de la région en eussent fait leur retraite. Elles venaient, disait-on près de Talant pour rendre des oracles. Mais le moyen âge eut tôt fait de transformer les druidesses en fées, et il ne manqua point de témoins sincères qui virent au clair de lune les blanches théories de dames entrer silencieusement dans les grottes du rocher. Ce rocher, on le désigna bientôt sous la dénomination patoise de for es fées qu'on écrivit plus tard abusivement fort aux fées. Nous disons abusivement car le mot patois "for" fut plus généralement interprété comme venant de forum, lieu d'assemblée, tandis que certains étymologistes lui donnent simplement la signification de four à cuire la pâte, dont la forme se retrouve dans les grottes et les cavernes.
Le lieu de réunion paraissait bien choisi et les sièges naturels qui garnissaient la grotte n'étaient point à dédaigner, même pour des fées.
Au surplus, chacun sait que les fées, très soigneuses en général de leur personne, sauf les fées grognons, fréquentaient les rivières et les sources. Sous leur for coulaient bien deux filets d'eau qui s'en allaient dans l'Ouche, mais les filets étaient trop minces et l'Ouche trop en contre-bas.
Aussi les fées, pour se baigner, préféraient-elles gagner la fontaine qui sort à mi-côte au midi de la montagne de Talant. Ce qu'elles faisaient, comme bien on pense, pendant la nuit fort dicrètement, et nul ne put jamais les surprendre. En tout cas la chose n'est pas douteuse, puisque la fontaine s'appelle toujours en témoignage, la Fontaine des fées.
Puis ces dames, en veine de balade poussaient une pointe jusqu'à la Roche Fendue qui s'appelle encore Roche à la Bique, sorte de menhir naturel situé sur le versant du coteau de la combe Valton, près de Bonvaux. Cette roche, haute de trois mètres sur un de large, est percée dans son milieu. Elle devint plus tard, dit la tradition, un lieu de sabbat pour les sorcières au moyen âge, et servit de rendez-vous aux carbonari de la Restauration. En somme tout cela se tient.
Mais n'oublions pas le For aux Fées. Ses hantises fantastiques s'étaient toujours bizarrement corsées d'une tradition religieuse, et les savants prétendent qu'au temps de la domination romaine, on avait élevé, au pied de la roche, un temple consacré à la divinité de la source. Une découverte, faite en 1889 par des ouvriers qui réparaient le lavoir contigu à cette source, donne à cette hypothèse une apparence de raison. Ces ouvriers, obligés de nettoyer la source, trouvèrent au fond la statuette en pierre blanche d'un dieu du paganisme. Quelque peu mutilée, la statuette devait mesurer dans son entier environ 0,48 m.
Le dieu imberbe et à demi- vêtu d'une draperie tombante tient de la main droite une patère posée sur une barre transversale rattachée à un siège. Le bras gauche brisé était plié. Quelques pièces de monnaies et une minuscule faucille furent découvertes à ses côtés.
Pour qui sait la profusion extraordinaire de divinités des sources répandues dans la Gaule païenne, il n'est pas douteux que la fontaine de la Roche ne fût sacrée et que la statuette trouvée en 1889 n'eût été placée comme génie de la source sur ses bords. Mais on sait aussi comment ces cultes du paganisme, ancrés dans les moeurs au point de n'en pouvoir être extirpés directement par le christianisme, furent transformés peu à peu sous l'influence des évêques.
Ceux-ci remplacèrent les idoles par la Vierge et les saints. Et voilà pourquoi, sans doute, tout à côté de cette source où l'on avait précipité le génie paien, s'éleva au moyen âge un oratoire consacré à Notre-Dame de la Roche. La Tibériade nous le montre placé au pied du rocher sur le bord du chemin. On dirait même un petit temple grec à fronton surbaissé.
Et non contents de protester ainsi contre le paganisme antérieur, nos pères, poussés peut-être par la frayeur secrète des traditions fantastiques persistantes, avaient multiplié tout à l'entour des signes de dévotion soigneusement reproduits par le peintre. Au-dessus de l'oratoire, une niche creusée dans le roc est pourvue d'une Madone et sur le sommet se voit un calvaire monumental dont la croix centrale paraît vide mais ornée seulement du chrisme. Des larrons semblent attachés aux croix latérales et une clôture entoure le tout. Au pied du calvaire, un Dieu de pitié, et plus près de chèvre-Morte, encore un pic surmonté d'une croix. Presque au-dessous,une image enchâssée dans le roc laisse subsister le doute. Etait-elle sainte, Vénus ou Fée?...La question n'est pas facile à résoudre.
Naturellement cette agglomération de monuments religieux n'allait pas sans dévotions extérieures et manifestations pieuses. Aussi, M. le chanoine Morillot nous apprend -t-il que la paroisse de Talant, sur laquelle se trouvait la chapelle de la Roche, s'y rendait en procession trois fois par an: le mardi de Pâques, jour où en divers lieux s'accomplissaient des pélerinages substitués à des coutumes du paganisme; le jour des premières communions, pour y consacrer les communiants à Notre-Dame de laRoche; et enfin à la fête de saint Simon , en action de grâce pour les vendanges .
Au XVIIIème siècle, le calvaire n'existait plus, si l'on s'en rapporte à la gravure d'un dessin de Lallemand. L'oratoire était encore en place, encadré de deux grands arbres, mais le fronton grec de la Tibériade était remplacé par un siple pignon sur route.
Extrait de Fyot. Dijon son passé évoqué par ses rues. l

Tiré du livre "Plombières-les-Dijon a travers les âges"